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même , à trente millions près (*), ce qu’elle eft obligée d’en tirer pour fes fabriques , la France n’eft donc point riche par elle-même.

Effectivement , Mefôeurs , fouppofons pour un moment que , par un événement quelconque , la France vînt à perdre fes Colonies, & qu’il fût potfible que leurs Cultivateurs , au lieu d’être Français , d’être de familles Françaifes , de familles appartenantes à la France par tous les liens qui attachent des hommes d’une dalle riche, ou aifée, à leur patrie, devinifent tout -à -coup fujets de l’Angleterre.

Dans cet état de chofes., Meilleurs , il eh: aifé de concevoir que les Ports des Colonies étant fermés aux vaiffeaux de la France , ce Royaume feroit alors obligé de tirer de l’Etranger ce qu’il confomme en fucre , en café , en coton & en indigo, St qu’il deviendroit conféquemment tri- butaire de ces Etrangers , d’une Tomme de 50 à 60 millions , qu’il lui feroit impoffible de folder par les échanges de fon territoire St de fes manu- faéhm

U û enc re aifé de concevoir de quels moyens de noune St de profpérité s’accroîiroit cette Puilfance ennemie de la France , St à quel degré de force St de gloire la porteroit une augmenta- tion de fix cents millions de numéraire qu’elle acquerrait, en dix années, au préjudice de la France , St dont elle pourrait employer les moyens pour attaquer ÔC démembrer le plus beau ■Royaume de l’Europe , quels que foient fa popu- lation St le courage des Français.

Vous concevez encore à quel degré de pau- vreté fe trouveroit réduit le Royaume en dix