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Je vîe«* appeler aujourd'hui votre attention fur la plus belle langue de l’Europe, celle qui la première a confacré franchement les droits de l'homme & du ci- toyen , celle qui eil chargée de tranfme tre au monde les plus fublimes penfees de la liberté, & les plus grandes fpéculations de la politique.
Long-temps elle fut efclave , elle flatta Iss rois , corrompit les cours & affervit les peuples; long temps elle fut déshonorée dans les écoles , & menfongère dans les livres de leducaron publique; ahucieufe dans les tribunaux, fanatique dans les temples, barbare dans les diplômes, amolie par les poëtes, corruptrice fur les théâtres , elle fembloit attendre 9 ou plutôt defirer, ur.e plus belle deltinée.
Epurée enfin , &. adoucie par quelques auteurs dra- matiques, ennoblie & brillante dans les difcours de quelques orateurs , elle venait de reprendre de l’énergie, de la raifon & de la liberté fous la plume de quelques philofophes que la perfécution avoit honorés avant la révolution de 1789.
Mais elle paroi hoir encore n'appartenir qu’à cer- taines cîaffes de la fociété ; elle avoit pris la teinte des diltinôions nobiliaires; & le courtifan , non con- tent d’être diftingué par fes vices &fes déprédations, cherchoit encore à fe diftinguer, dans le même pays , par un autre langage. On eût dit qu’il y avoit pla- ceurs nations dans une feule.
Cela devoit exiger dans un gouvernement monar- chique, où l’on faifoit fes preuves pour entrer dans une maifon d’éducation , dans un pays où il falloit un certain ramage pour être de ce qu’on appeloit la bonne compagnie , Sc où il falloit lifHer la langue d’une manière particulière pour être un homme comme il faut .
Ces puériles diflin&ions ont difparu avec les gri-