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d'ailleurs , l’homme des campagnes , peu accoutumé à généralifer fes idées , manquera toujours de termes abstraits ; & cette inévi- table pauvreté du langage qui refferre l’efprit , mutilera vos adreffes & vos décrets , fi même elle ne les rend~intraduiûbles.

Cette difparité de diale de s a fouvent contrané les opérations dç vos commiffaires dans les départemens. Ceux qui Te trouvoient aux Pyrénées-Orientales en odobre 17 pi vous écrivoient que , chez iesBafques, peuple doux & brave, un grand nombre étoit ac ce lubie au fanatirme , parce que l'idiome ed un obftacle à la propagation des lumières. La même chofe eil arrivée dans d’autres départemens , où des f cèlera ts fondoient fur l’ignorance de notre langue , le fuccè-s de leurs machinations contre- révolutionnaires.

C’eft fur-tout vers nos frontières que les diale des , communs aux peuplas des limites cppofées , istabliffent avec nos ennemis des relations dangereufes , tandis que dans l’étendue de ta République tant de jargons font autant de barrières qui gênent les moüvemer.s du commerce , & atténuent les relations foetales. Par l’influence refpcdive des mœurs fur le langage , du langage fur les mœurs : ils empêchent l’amalgame politique , & d'un feul peuple en font trente. Cette, obfervation acquiert un grand poids , fi l’on confidère eue , faute de s’entendre , tant d’hommes fe font égorgés , ’èc que souvent îss querelles fanguinaires des nations , comme les querelles ridicules des fcholafliques , n’ont été que de véritables logomachies. Il faut donc que l’unité de langue entre les enfans de la même famille éteigne les relies des préventions réfùîtanies des anciennes rii vidons orovmciaïes , & relTerre les liens d’amitié oui doivent unir des frères.

Des considérations d*un autæ genre viennent à l’appui de nos raifonnemens. Toutes les erreurs fe tiennent comme toutes les 'vérités : les préjugés les plus abfurdes peuvent entraîner les con- féquenccs les plus funeites. Dans quelques cantons , ces préjugés font affoiblis : mais dans la plupart des campagnes- ils exercent encore leur empire. Un enfant ne tombe pas en convulsion, la contagion ne frappe pas une étable , fans faire naître l'idée qu'on a jeté un fort : c’eft le terme. Si dans le voifinage il cfr quelque fripon connu fous le nom. de devin , la crédulité va lui porter fon argent, & des foupçor*s perfonnels font éclater des vengeances. Il fuffiroit de remonter à très-peu d’années , pour trouver des affala- nais eomrqis fous prétexte de maléfice.

Les erreurs antiques 11e font-elles donc que changer de formes ee parcourant les fiècles ? Que du temps de Virgile on ait sup- pofé aux magiciennes de Tlieffalie la puiflance d’obfcurcir le foleiî & de jeter la lune dans im puits j que dix-huit fiècîes après on afe cru pouvoir évoquer le diable ; je ne vois là que des inepties diver- fenaent modifiées.