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CAHIER
Des Représentations et Doléances du beau
Sexe , adreffé au Roi au moment de la
tenue des Ètats-Gcncraux,
Sire, on nous accuse d’être bablilardes-, Il est cependant bien clair que nous ne nous sommes pas pressées de parler ^ puisque nos doléances ne vien- nent qii’après Fénorrne bavardage des hommes. Ces doléances J précisément parce qu’elles sont tardives n’en seront que plus réfléchies et mieux fondées.
Nous l’avouerons. Sire, nous a.vons été aussi surprises qii’liimiiiiées de n’être point appeilées aux Etats- Généraux de la Nation , dont nous sommes la portion ia plus aimable, la plus douce et quel- quefois la plus sensée. Nous étions certainement en éta.t d’y porter des lumières. L’histoire atteste qu’il y a eu de grandes Reines , comme il y a eu de grands Rois, et que les femmes sont aussi capables de bien gouverner que les hommes,
11 est bien vrai qu’en France, c’est une maxime fondamentaie et sacrée , que ia couronne ne peut pas tomber m quenouilk. Mais au moins faiidroit-ii reconnoître que les hommes n’ont pas acquis, contre nous, le privilège exclusif de donner de bons conseils.
Il n’y aura toutefois rien cle perdu. Nous oserons^. Sire, présenter à V. M. notre cahier de repré- sentations. Elles sont au nom de la. Noblesse et du Tiers-Etat de notre sexe. Nous aurions pu les rédiger de concert avec notre Clergé ; car aujourd’ui que tous les principes sont oubliés , que toutes les règles sont enfreintes, les Abesses et leurs Religieuses auroient pu, sans l’ombre de difficulté, abandonner leurs cloîtres, et venir disserter